Quartier lointain (du
même auteur) m’avait laissé un vague souvenir froid et distant. Un hiver au zoo ne semblait pas me
garantir plus de chaleur… Taniguchi est pourtant un auteur de l’intime, ancrant
ses récits dans la profondeur de ses personnages.
Ici, nous suivons les premiers pas d’un jeune adulte dans
l’univers du manga, dont il aimerait plus tard être l’un des auteurs accomplis.
Tout au long de son apprentissage il rencontrera alors les épreuves classiques :
appréhensions de la famille, doutes sur son propre talent, jalousie des plus
accomplis que lui, etc. Salarié comme assistant mangaka, son cadre de travail
est lui aussi très classique : les auteurs sont des extravertis arrosant
leurs soirées en compagnie de personnages atypiques, les secrétaires portent
des tailleurs à lunettes, et les stagiaires achèvent le travail dont personne
ne veut.
Si tout semble aussi banal, c’est avant tout parce que
Taniguchi nous présente la réalité dans ce qu’elle a de plus simple. Son dessin
lui-même est très photographique, et ses décors sont ainsi soignés à l’extrême.
Si le cinéma nous a habitués à cette forme, la bande dessinée ne fourmille pas
d’exemples similaires. Souvent, le trait du dessinateur déborde du cadre de la
réalité, pour transfigurer des valeurs.
Rien à voir ici, où Taniguchi reste fidèle à son environnement.
Si nous pourrions ainsi nous sentir plus proches de ses récits, je ne peux
malgré tout me sentir gêné par la froideur de ses ouvrages. Une froideur
paradoxale, puisque ses personnages sont chaleureusement vivants. Alors,
Taniguchi est-il tout simplement chaleureusement froid ? A moins qu’il ne
soit froidement chaleureux. Tout ceci c’est Schtroumf vert et vert Schtroumpf…
Signé Schtroumpf Bulle
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