S’il est un conflit complexe, aux racines profondes, aux
conséquences multiples, qui entraîne dans son maelström les peuples et les
individus, c’est bien celui qui oppose Israéliens et Palestiniens. Tout
aurait-il déjà été écrit sur le sujet ? Sauf peut-être l’impossibilité à
dire l’indicible et à comprendre de l’intérieur l’incompréhensible, les
ressorts de la haine entre deux peuples ? Comment les humiliations
constantes, le besoin de vengeance récurrent, peuvent finir par primer sur
l’amour, la liens familiaux les plus étroits, les sentiments les plus
forts ?
Un médecin arabe israélien se trouve soudain violemment
confronté aux réalités d’une guerre totale, quand il apprend le décès de sa
femme dans un attentat-suicide, et qu’il découvre qu’elle était la kamikaze.
Incompréhension totale, douleur extrême, il va chercher obstinément à
comprendre ce qui a bien pu conduire à ce drame, et se lancer à corps perdu
dans une quête qui ne peut aboutir qu’à plus de violence encore. La violence du
conflit emporte tous les êtres, même ceux qui le refusent, l’espoir de la
liberté détruit la joie de vivre…
C’était une vraie gageure de se lancer dans l’adaptation du
superbe roman de Yasmina Khadra, le résultat est à la hauteur de l’ambition des
auteurs de la BD : le scénario de Loïc Dauvillier est une remarquable
déclinaison du roman initial, que viennent renforcer encore le dessin comme les
couleurs de Glen Chapron, parfaitement en phase. La complexité dramatique des
situations et des choix individuels est parfaitement rendue, à travers la
tension des dialogues tranchants, la force des dessins sensibles, qui font
palper toute la douleur de ce monde conflictuel.
Goulwen
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