mardi 2 octobre 2012

Quai d’Orsay Chroniques diplomatiques tome 1 Christophe Blain et Abel Lanzac Dargaud 2010




Des épaules en cintre, un nez plus long que le bras, et des gestes en cocotte-minute : pas de doute, vous avez ouvert une BD de Christophe Blain. Cette fois-ci, pas de pirate ni de cow-boy, mais toujours un héros en dehors de son époque : Dominique de Villepin… (s’il n’est jamais cité de son vrai nom il est difficile de ne pas le démasquer).

Sans prétention biographique, cet ouvrage est plutôt une plongée au cœur de la nouvelle diplomatie, un monde où derrière chaque fourmi, une multitude d’autres fourmis se décarcassent. Organisant, gérant, écrivant, réécrivant, ré-réécrivant des discours, un amas d’efforts pour une utilité souvent protocolaire.

Si les Chroniques diplomatiques ne prennent parti pour aucun parti, elles rappellent que derrière chaque ministre, des scribes et des diplomates travaillent (parfois) avec conviction loin des clichés que nous en avons. S’ils sont peut-être rares, ils méritent au moins le respect de leurs commanditaires. A Villepin, à qui l’on demande si son personnage n’est pas trop caricatural, ce dernier trouve qu’au contraire son double manque parfois d’emphase. Preuve que son personnage est bien fidèle, l’original ne pouvait répondre autre chose, emporté dans un rôle sans cesse cherchant à se dépasser. Blain fait flotter son héro dans des courants d’air gestuels, chaque mouvement entrainant un nuage de poussière, chaque réplique étant orchestrée pour sa musique plutôt que par son sens. Villepin fait le beau, enchaîne les contre-sens, il cite Héraclite, Mao et Hergé, en collectionnant les grands mots. Selon l’original, son émulsion est surtout la marque de reconnaissance la plus légitime envers son personnel. Alors, de gauche, de droite ou d’ailleurs, votons pour ces Chroniques sans langue de bois.

Signé Mittérond

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