mardi 6 novembre 2012

Habibi Craig Thomson Casterman Ecritures 2011




Certaines mauvaises mains reprochent aujourd’hui à la bande dessinée d’être un art onéreux si l’on rapporte son prix au kilo… En ces temps difficiles nous avons une heureuse nouvelle pour les plus économes : Craig Thomson leur donne l’occasion d’investir dans un pavé qui leur fera ressentir tout le poids de la culture…
Non seulement Habibi approche les 700 pages d’un papier épais, mais chacune de ces planches fourmille en plus de détails méticuleux et de motifs étourdissants sur lesquels  le regard peut se perdre à foison. L’épopée qui nous est contée ici est celle d’un amour maternel, fraternel, puis passionnel entre deux enfants que la vie va séparer, puis retrouver. L’œuvre oscille alors entre le drame social et l’essai ésotérique tout en dissimulant sous un voile le refrain d’un chant érotique.
Chacune des grandes scènes de la vie des protagonistes est assimilée à des mythes religieux, chacune des Histoires se complétant en se confondant. Les dessins sont d’une grande exigence mais laissent parler la passion de leur auteur, faisant flotter son crayon dans une impulsion contrôlée.
Certains dessins surprennent aussi par leur audace : frôlant parfois le mauvais gout, fleuretant avec le kitch, plusieurs métaphores à peine filées pourraient même paraître bien grossières si la sincérité de leur auteur ne les sauvait pas d’un fiasco annoncé.
Habibi s’amuse enfin avec les genres, doté d’une dramaturgie maniaque, et d’une beauté contrastée. Plus qu’une histoire de religion, Thomson nous parle de croyances et de légendes. Peu importe où soit Dieu finalement, l’important est qu’il nous raconte des histoires.
Puisse les Djinns garder le reste pour eux.

Brrr !

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