jeudi 14 février 2013

Sylvain Ricard et Guillaume Martinez : «Motherfucker – au sein du mouvement des Black Panthers» (2 tomes) Futuropolis


L’expression « motherfucker », qui correspond a priori à « nique ta mère » a vu son sens évoluer pour signifier simplement « mec ».
Les Black Panthers constituent le grand mouvement révolutionnaire afro-américain de la seconde moitié des années 60 : influencé par le programme de « Nation of Islam » auquel a appartenu Malcom X, et vaguement marxiste, le programme en 10 points du parti est déroulé tout au long de cette BD. Né en réaction au racisme dominant aux Etats-Unis à cette époque, et succédant aux  mortelles émeutes de Watts à Los Angeles, le parti des Black Panthers, qui évoque les flics par le terme de « pigs », a rompu avec Martin Luther King sur l’utilisation de la violence. Le FBI va s’attaquer au mouvement, l’infiltrer et assassiner une partie de ses dirigeants.

A la fin des années 60, un jeune noir au nom chargé d’histoire de Vermont Washington, né dans une famille victime du Ku Klux Klan, en bute au chômage et au racisme quotidien, milite au sein des Black Panthers. Contrairement à son ami blanc, Pete, qui prône le compromis, ou à son père résigné et alcoolique, Vermont refuse de plier devant la « fatalité » de la ségrégation et de la domination blanches.
La tension monte au fil des pages, tandis que Vermont est pris dans l’engrenage de la misère, de l’exclusion, du racisme, du cycle provocation-répression, de la violence, qui va mener aux drames. On sent bien que tout cela va fort mal se terminer. A la suite d’une manifestation contre la guerre au Vietnam, autre grande cause de la fin des années 60 aux USA, les policiers mènent l’assaut contre le quartier général des Black Panthers, assassinent un leader, envoient avec la complicité d’un juge et d’un jury blanc, Vermont en prison. Sa femme poursuit le combat, est abattue par un gardien de prison…sur sa tombe, sa fille lève symboliquement le poing, seule lueur d’espoir d’un combat largement perdu…
Un scénario très au point, des dessins riches, en noir et blanc bien sûr, dans un lavis à l’encre de chine impressionnant.

Signé Goulwen

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