Plogoff : le symbole de la lutte antinucléaire en
Bretagne.
Mai 68 est passé, mais aussi le choc pétrolier de 73, les
grands combats, Joint Français, Guerre du Lait, tandis que la lutte contre
l’extension du camp militaire du Larzac bat son plein.
Le pouvoir essaie d’imposer aux Bretons une centrale
nucléaire, dans un site magique, celui de la pointe du Raz, convaincu que ces
« ploucs » du Penn ar Bed (Bout du Monde) ne résisteront pas.
Or la population va se mobiliser pour s’opposer à ce projet
décidé d’en haut, les élus locaux en tête des manifestations.
On cherche à contourner les maires par la mise en place de
« mairies annexes » pour l’enquête d’utilité publique qui ne sont
autres que des camionnettes, mais qui doivent être protégées par des hordes de
CRS et de gardes mobiles. La mobilisation s’élargit, la solidarité s’étend, la
prise de conscience des habitants de tous âges se développe ; à
l’utilisation des grenades lacrymogènes et des hélicoptères répondent les jets
de pierre, la violence des flics s’intensifie, on envoie même des
parachutistes, et l’appareil répressif se complète bien sûr par la condamnation
d’opposants.
Cet épisode mythique de l’histoire contemporaine des
Bretons, exemplaire à plus d’un titre, a été saisi sur le vif par les cinéastes
militants Nicole et Félix Le Garrec, dans le documentaire « Des pierres
contre des fusils ».
30 ans plus tard, Alexis Horellou et Delphine Le Lay, tous
deux nés à l’époque des évènements, se penchent sur l’Histoire, lui parce qu’il
a récemment découvert la Bretagne, elle parce que Plogoff était évoqué par la
génération de ses parents. Ils rencontrent les Le Garrec, qui vont de toute
évidence très fortement influencer le scénario, qui se place du même point de
vue, celui des opposants, pour démonter le processus de la mobilisation et de
la lutte. La progression est bien construite, depuis la paisible ambiance d’un
village du bout des terres aux combats de la « grand-messe »
quotidienne de 17 heures, des promesses de Giscard à l’élection de Mitterrand.
Le travail sur les nuances de gris évoque nettement le cinéma en noir et blanc.
Un album à découvrir, et un combat à méditer…. Au fait,
qu’est-ce qui a vraiment changé dans la volonté d’imposer de grands projets
industriels contre l’avis de la population ? Et dans la capacité de
résistance des gens concernés ?... Bonne lecture !
Signé Fanch
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