Les Grecs l’appellent « la Grande
Catastrophe » : aboutissement de la seconde guerre gréco-turque, elle
consiste en l’élimination, par massacre ou expulsion, au début des années 1920
de la population chrétienne d’Anatolie, et débouchera sur la chute de la
monarchie grecque. Près d’un million et demi de réfugiés arrivent en Grèce –
qui compte alors 8 millions d’habitants – provoquant souvent un mouvement de
rejet de la part de leurs compatriotes.
Le petit Manolis faisait partie d’entre eux. Comment
comprendre, quand on vit avec sa famille à Vourla et que l’on a pour copain un
jeune voisin turc, le soudain déchainement de haine, de violence, de mort, la
séparation familiale, l’expulsion, l’exil ? Manolis sera balloté de Samos
à Nauplie, du Pirée à la Crète, pour finir par retrouver sa mère et sa sœur en
1922. Il finira par choisir l’émigration vers la France, et ne se remettra jamais
de ce drame familial et national. Plusieurs décennies plus tard, Manolis est
retourné en avion de Bordeaux à Vourla, le village où il est né : le
théâtre d’ombres, le Karaghiosis, ne s’y joue plus qu’en turc…
Le texte d’Alain Glykos – qui raconte sans doute ici
l’histoire de son père - est plein de sensibilité, d’émotion, de douleur et de
tendresse, et les dessins d’Antonin sont parfaitement en phase, tout en nuances
de gris et de noir, simples et touchants.
Un très beau roman graphique qui nous fait toucher du doigt
un épisode historique peu connu chez nous.
Fanch

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