En nous ouvrant les pages de son Journal, Fabrice Neaud s’expose nu sur
la place publique. Livrant son âme sans tabou, il arbore ses cicatrices et nous
présente l’homosexualité sans pudeur. L’exposition crue de sa vie personnelle pourrait
sembler exhibitionniste, or c’est un homme qui se livre à vous en toute
franchise et sans masque dramaturgique hypocrite.
Après avoir suivi ses planches, une telle
sensation de complicité se lie avec l’auteur que vous pourriez vous surprendre
à l’interpeler sur les remparts d’Angoulême : Fabrice ?
Pour autant, « toucher à l’intime [ne suffit pas] à écarter tout problème de forme… et
authentifier un récit [ne suffit pas] à émouvoir ». Neaud s’avertit
lui-même du danger dans lequel les autobiographes sombrent trop souvent. Le
résultat de cette prudence est une œuvre rigoureuse, construite avec une
sincérité rude, que quelques gouttes d’humour viennent distiller avec humanité
(si seulement Bruce Willis savait ça…).
Malheureusement, Neaud à son tour s’abymera
dans le trou de son nombril, livrant des tomes de plus en plus volumineux où
ses réflexions étouffantes sur l’art et son apprentissage annihilent ses
précédentes précautions. La bande dessinée perd sa forme, et un texte de plus
en plus présent vient écraser la puissance visuelle de ses deux premiers
volumes.
Neaud
n’est pas l’unique patient de cette pathologie nombriliste. Sur l’échafaud des
condamnés d’autres têtes sont déjà tombées… (voir le Combat ordinaire tome 4 -Larcenet, ou Les petites choses de rien
tome 3 –Trondheim). Mais si la chute semble inévitable, il serait tout de même
dommage de passer à côté de ce travail rare et pertinent, après lequel vous ne
regarderez plus jamais la virilité avec le même œil. Merci Fabrice.
Signé
Brrr !
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