vendredi 14 septembre 2012

Journal (Tome 1 à 4) Fabrice Neaud Editions Ego comme X, 1994





En nous ouvrant les pages de son Journal, Fabrice Neaud s’expose nu sur la place publique. Livrant son âme sans tabou, il arbore ses cicatrices et nous présente l’homosexualité sans pudeur. L’exposition crue de sa vie personnelle pourrait sembler exhibitionniste, or c’est un homme qui se livre à vous en toute franchise et sans masque dramaturgique hypocrite.
Après avoir suivi ses planches, une telle sensation de complicité se lie avec l’auteur que vous pourriez vous surprendre à l’interpeler sur les remparts d’Angoulême : Fabrice ?
Pour autant, « toucher à l’intime [ne suffit pas] à écarter tout problème de forme… et authentifier un récit [ne suffit pas] à émouvoir ». Neaud s’avertit lui-même du danger dans lequel les autobiographes sombrent trop souvent. Le résultat de cette prudence est une œuvre rigoureuse, construite avec une sincérité rude, que quelques gouttes d’humour viennent distiller avec humanité (si seulement Bruce Willis savait ça…).
Malheureusement, Neaud à son tour s’abymera dans le trou de son nombril, livrant des tomes de plus en plus volumineux où ses réflexions étouffantes sur l’art et son apprentissage annihilent ses précédentes précautions. La bande dessinée perd sa forme, et un texte de plus en plus présent vient écraser la puissance visuelle de ses deux premiers volumes.
Neaud n’est pas l’unique patient de cette pathologie nombriliste. Sur l’échafaud des condamnés d’autres têtes sont déjà tombées… (voir le Combat ordinaire tome 4 -Larcenet, ou Les petites choses de rien tome 3 –Trondheim). Mais si la chute semble inévitable, il serait tout de même dommage de passer à côté de ce travail rare et pertinent, après lequel vous ne regarderez plus jamais la virilité avec le même œil. Merci Fabrice.
Signé Brrr !

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