vendredi 23 novembre 2012

Tardi : « Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalg IIB », Casterman




On a l’habitude que Tardi nous parle de la guerre de 14 ; c’est même très largement son travail sur la « Grande Guerre » qui a révélé au grand public son immense talent.
Ici, il nous propose une autre époque avec la mise en perspective des carnets de notes de son père, prisonnier de guerre en Poméranie orientale de 1940 à 1945.
Un gros travail de documentation et de création pour cet épais album (192 pages) qui n’est que le premier tome, en noir et blanc, ou plutôt dans toutes les nuances de gris, de grisaille, de neige, de nuit, de désespoir, d’aliénation, de barbarie…
C’est d’ailleurs la fille de Jacques Tardi, Rachel, qui a travaillé sur toutes ces nuances étonnantes ; on reste dans une histoire de famille !
Comment supporter la violence, le mépris, l’écrasement quotidien par les nazis, le froid, la faim, l’isolement et la promiscuité, la crasse et la durée inexorable de la guerre qui n’en finit pas ? Combattants oubliés, vaincus humiliés, ces P.G. (prisonniers de guerre), sont loin de tout, de leurs familles, du front, de la vie. Tardi parvient avec sa sensibilité, ses colères et ses convictions, à nous faire comprendre, ressentir, partager, ce qu’a pu être le destin de ces hommes noyés dans l’ombre de l’Histoire, partageant un quotidien fait de routine, de lassitude, d’ennui, mais malgré tout d’espoir. Une BD majeure pour cette fin d’année.

Goulwen




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